Coup d’œil rapide sur le numéro du vol inscrit sur mon billet. Bagages déjà enregistrés. Je me lève et m’apprête à entrer dans le vaisseau. Peu de passager pour ce vol. Dernier regard au dessus de mon épaule, profond soupir. J’entre dans le vaisseau accueillie par une hôtesse dont le sourire figé et les gestes mécaniques, parfaitement accomplis laissent penser à une éminente promotion.

Un regard compatissant jeté sur elle. Détendez vous mademoiselle je ne suis pas une cliente mystère analysant vos moindres faits et gestes pour décider ou non de vous accorder cette promotion.

Elle m’indique mon siège. Celui prêt d’un hublot. Je ne pouvais rêver mieux. Le vol risque d’être long.

Je m’installe confortablement, ôtant ma veste et mes talons repliant mes jambes sur le siège. J’attrape mon sac cherchant à tâtons mon Palm dernier cri. Je ne le trouve pas et ça m’agace. Je fronce les sourcils lâchant un premier soupir. J’imagine déjà qu’un malfrat m’ait fait les poches pendant que j’attendais le vaisseau. Ça je ne le supporterais pas. Je fouine et je ne trouve pas. J’enlève ma main du sac, fermant les yeux et respirant profondément.

Calme toi Inès.

Je replonge inquiète ma main dans ce sac et enfin croise une petite forme rectangulaire et froide. Pas de doute il est là. Un rapide coup d’œil. C’est bien lui. Mon nécessaire à maquillage, carte électronique d’identité et divers papiers sans importance. Bombe anti-agression et un double du pass du dernier appartement occupé. Un sourire que j’esquisse en visualisant le visage de mon colocataire lorsqu’il reviendra de son séjour et s’apercevra de cet oubli. Adieu Pablo.

Les portes se referment. Les passagers semblent tous prêts à décoller. La voix de l’hôtesse annonçant le départ imminent ne semble pas quitter ce sourire figé.

Blottie contre le siège, je ferme les yeux lorsque les premières secousses envahissent la cabine. Mon cœur s’emballe. L’appréhension sûrement. Ce même sentiment ressenti lorsque j’avais dix ans et que, décidée je suis montée dans cette attraction sous le regard de ma mère qui bien que peu encline à me laisser monter avait cédé à mes supplications. Cette attraction qui vous donnait l’impression de planer, de diriger votre propre véhicule. Je me souviens encore épiloguant, imaginant une course poursuite à travers l’espace, déjouant les pièges et les projections des ennemis.

J’ouvre les yeux lorsque l’hôtesse m’interpelle, me proposant une consommation. Je lui souris poliment et me redresse légèrement réalisant que les secousses avaient cessé.

Je la regarde secouant légèrement la tête.

Non merci. Quelques mots à peine audibles accompagnant mon mouvement de tête.

Mon regard se pose sur le hublot, ébahie par la vue, stupéfaite par ce spectacle offert, dépassant mes espérances. Confinée dans mon siège, impression de coconning. Tout est parfait. Juste parfait. L’impression que le temps s’est arrêté. L’impression d’être si petite face à l’immensité de l’univers. La terre elle aussi si petite, si majestueuse vu d’ici.

Je ne sais combien de temps je suis restée à scruter cette immensité, perdant toute notion du temps. Je ne relève les yeux que lorsque la voix de l’hôtesse annonce, visiblement pour la seconde fois que notre voyage s’achève.

Je déplie mes jambes, m’étirant quelque peu. Enfile à nouveau mes talons, ma veste et sors de mon sac un rouge à lèvre et un petit miroir. Dessinant à nouveau le contour de mes lèvres.

Je me lève, emportant mon sac. Quelques passagers ont déjà franchi la porte. Un nouveau regard sur l’intérieur du vaisseau et sur cette même hôtesse dont le sourire ne démord pas. Juste quelques petites cernes à peine visibles se sont dessinées aux commissures de ses yeux.

Je relève les yeux descendant les premières marches, sans précipitation, appréciant chaque seconde, chaque pas, faisant ainsi durer chaque moment jusqu’à ce que mes pas effleurent enfin le Codex One.