[solo] Bye Bye Banquiers

Civil Messages : 6 Date d'inscription : 20/09/2009

Elle regarde la planète s'éloigner, de plus en plus vite. Un sourire se dessine peu à peu sur son visage. Elle y est parvenu. Elle leur a échappé.
Un enchevêtrement de catastrophes, de contrats mal bouclés, de salaires destinés à payer des dttes destinées à couvrir des intérêts. Pour un travail sérieux, cette planète offrait trois plans foireux. Trois arnaques.
Asha Nguyen était une femme fière, solide et indépendante. Mais elle avait toujours été incapable de gérer ses comptes, et de discerner les avantures motivantes des plans foireux. Ancienne de l'armée, ayant fait ses classes dans les commandos, elle avait par la suite frayé, ans le milieu de la protection rapprochée, avec la pègre la moins fréquentable. Un an dans ce milieu nauséabond. Un an au milieu de la drogue, de l'argent sale, des putes. Et elle avait servi les mauvaises personnes. Et voilà qu'elle les avait aux trousses. Ils voulaient leur fric. Elle ne l'avait pas. Bye bye, sweet home. Elle avait sauté dans la première taule en partance pour le Codex, histoire de recommancer, ailleurs.

Elle voyait s'éloigner ses soucis. Elle les imaginait, là-bas, défonçant la porte de son appartement, pour ne trouver que quelques mètres carrés de capharnaüm. Bye Bye Triades. Elle eut un petit rire. Un passager, en face d'elle leva les yeux d'un air curieux. Elle lui sourit et lui tendit une main gantée de cuir.

"Asha Nguyen, enchantée. Protection Rapprochée à des prix plus qu'abordables."

L'homme détourna la tête. Elle haussa les épaules. Elle savait que des gens seraient fatalement intéressés, sur le Codex. Le Codex, c'était l'aventure. L'aventure, ça rapportait gros. Et là ou ça rapportait gros, on avait besoin de flingues et de couteaux bien affutés. Histoire d'éviter que des gorges s'ouvrent toutes seules dans le silence de l'espace.

Civil Messages : 6 Date d'inscription : 20/09/2009

Les jours passaient à bord du vaisseau. Le voyage n'avait aucun intérêt. Sans accès au réseau, les bonnes vieilles reliques de magasine papier furent vite épuisées. De même que les différents cocktails du bar. Et la compagnie des autres voyageurs n'avait qu'un intérêt limité. Des civils sans relief, des paysans, des colons, des mineurs, ils n'avaient aucune aura de danger et d'aventure. Ils étaient plats. De temps à autres, quelqu'un tentait sa chance, venait lui payer une mauvaise bière extraterrestre. La plupart du temps, devant la laideur du dragueur, elle répondait sèchement, en vietnamien, pour éconduire rapidement le chaland. Quand le visage était un peu plus séducteur, elle se laissait payer une boisson. Puis, l'animal commençait à parler de la ferme qu'il allait reprendre sur telle planète, et paraît-il qu'on y fait pousser de belles carottes.
Asha souriat. Un beau navet qui fait pousser de belles carottes. Elle se désintéressait de l'individu rapidement, en prétendant avec un air un peu fou que "vous êtes charmant, mais ma petite amie, la vice-amirale des commandos de la mort de Vénus, risque de mal prendre ce verre que vous m'offrez en toute amitié".

Elle répondit quatre fois cette phrase, et vit quatre fois le visage de son interlocuteur se vider de son sang. Elle restait seule avec sa bière.
Un seul quidam éclata de rire. C'était un grand gaillard aux larges épaules, uniforme militaire sans aucun galons. Pas son style, mais il était amusant.

" Et ça marche, en général, quand vous agitez la menace de la grande matronne vénusienen ?
_ Vous n'imaginez pas, ricana Asha. Les gens détestent mourir."

Il tendit une main très poilue, à l'exception d'une bande glabe, vestioge d'une cicatrice faire avec une lame crantée. Asha la serra.

"Phillip Van Hotte.
_ Asha Nguyen. Vous faites quoi ici ?
_ Je suis venu régler un problème sur le Codex One."
Il la regarda dans les yeux et déglutit.
"Un problème délicat."
Asha comprit où il voulait en venir. Elle avait fait courir le bruit qu'elle était disponible pour des missions de protection.
"Et vous avez besoin d'un... Accompagnement ?
_ Si l'accompagnement peut ouvrir le feu sans remord en cas de problèmes, oui."
Asha hocha silencieusement la tête.
"Il y a une prime sur ce "problème", Monsieur Van Hotte ?
_ Assez pour me payer une ou deux villas en Autriche. Assez pour que je vous paye un vaisseau privé dans la foulée.
_ Eh bien, il faut que j'y réfléchisse... Il faut m'en dire un peu plus.
_ Bien, bien. Venez avec moi à la soute N°4. Que nous réglions notre affaire à l'abri des oreilles indiscrètes."

Imprudente comme à son habitude, Asha suivit Phillip, sans songer un seul instant à sa propre situation.

Civil Messages : 6 Date d'inscription : 20/09/2009

Ahsa était dans la soute, les mains en l'air. Le ronron du moteur couvrirait sans aucun doute le coup de feu. Les coups de feu. Celui que Philip lui tirerait dans le dos. Celui que lui tirerait son complice, un petit rat à lunettes qui avait jailli d'entre deux caisses.

"Je ne vois pas bien quelle va être ma part là-dedans..." ironisa Asha en comprenant sa situation, sentant le canon dans son dos. Un canon à l'ancienne. Un pistolet à projectiles de métal. Un colt, qui faisait un trou bien sale dans le dos.

"Votre part ? Mais vous allez être la vedette. La star de la prochaine soirée des triades. A défaut de récupérer leur argent, ils...
_ Oh mais si ce n'est que ça, je peux leur rendre, leur argent, dit Asha en cherchant une issue.
_ La récompense est la même que vous soyez morte ou vive, dit le maigrelet en face d'elle.
_ D'accord. Si vous reveneza avec l'argent que je dois à ces chers usuriers, vous ne pensez pas qu'ils seront plus à même de - oh et puis merde."

Elle n'était pas d'humeur à négocier. Elle fit mine de se précipiter sur celui de devant, qui tira par réflexe. Elle s'était déjà jeté à terre. Come un chat, elle s'écarta sur le côté et disparut entre les caisses. Elle entendit Phillip s'écrouler en gémissant. La balle qui lui avait été destinée. Le petit rat en resta tout pantois, estomaqué d'avoir dégommé son associé. Deux pieds nickelés, en vérité, incapable d'encercler correctement une cible. Incapable de ne pas parler avant de tirer.
Asha s'abbatit comme un faucon sur le survivant. La lutte fut brève. Toutes griffes dehors, elle le fit lâcher prise et lui colla une balle de sa propre arme dans le front. Elle réalisa alors qu'elle était en soute, recherchée par la mafia, au milieu de deux cadavres sanglants.

Les deux zigomars étaient vraiment bêtes et méchants. Ils n'avaient pas réalisé qu"'une caméra de sécurité avait enregistré toute la scène. Le service de sécurité déboula dans la soute, passa les menottes à Asha, et elle dut s'expliquer longuement de ce qui venait de se passer. Elle dut déployer des trésors de charme et de persuasion pour s'en sortir avec une simple amende pour ne pas avoir signalé la gravité de sa situation à l'embarquement. Elle passa le reste du vol en cellule, à l'écart, officiellement pour sa propre protection. Quand elle débarqua sur le Codex, elle réclama ses effets personnels. On ne lui rendit ni son argent, ni ses armes, ni ses vêtements de rechange. Insolvable. Il fallait bien que l'administration prélève son amende quelque part.