Mieux vaut être seul que mal accompagné...

Messages : 2 Date d'inscription : 23/09/2009 Age : 41

7h25 AM, Salle d'attente avant le couloir d'embarquement

Le soleil se lève timidement à l'horizon. Une nouvelle journée débute sur cette planète trop usée. Une vieille petite femme en pleurs vient de faire ses adieux à son fils. Une dernière étreinte et il disparait dans les entrailles d'un monstre de métal répondant au doux nom de 45732819. Pour un autre homme dans la salle il n'y aurait pas d'adieux, si ce n'est ceux d'une planète et de lois qu'il a mille fois maudites. Une vie perdue, embrassée par la mort, la Haine et le dégout. Plus rien ne compte lorsque tout vous a été enlevé. La liberté, la passion, l'espoir... L'espoir, rien n'est plus dangereux qu'un homme qui l'a perdu. Ses yeux dévoraient chaque image, chaque vision de cette Terre, aussi belle et cruelle que l'aurore.

Adieu vieille carne.

Son pas était lent et lourd, comme s'il cherchait à retarder l'échéance, pourtant sa respiration était apaisée, celle d'un homme qui n'attend plus rien de la vie. Un vaisseau s'envolait, il arrêta sa marche sinistre pour observer la navette se mettre en route vers les cieux. Cette vision avait quelque chose d'assez symbolique, presque mythique. La barque du vieux passeur, Charon, qui guidait les âmes des défunts vers les Enfers... Et une nouvelle vie dans l'autre monde. Un bref sourire passa sur son visage mal rasé puis un coup le ramena brutalement à la réalité.

- "Avance Santi, m'obliges pas à être méchant tu veux ?"

Le dénommé Santi se retourna, et jetta un bref regard de défi au briseur de rêveries. Mais il ne pouvait rien faire, l'autre été armé et son arme à portée. Le désarmer serait bien trop périlleux, et les lieux étaient remplis de caméras et surveillés par l'armée.
CLAC ! Un coup de poing dans le dos, toujours agréable pour vous remettre les idées en place. Il serra les dents, étouffa un cri, ses muscles se crispèrent, mais il aucun son ne vint, ce qui effaça le sourire narquois de l'homme en armes.

Je vais pas te laisser ce plaisir, pauvre sadique

Ils avançèrent vers la file d'attente devant la porte d'embarquement. Deux soldats de l'ATS en patrouille s'approchèrent d'eux, et saluèrent l'homme armé d'un bref signe de tête. Avec des lunettes tactiques il n'y pas à mentir, les soldats venaient de reconnaitre l'un des leurs, le caporal Greed. Il était vêtu à la manière d'un civil, rien de suspect, ils n'avait qu'à peine remarqué le dénommé Gabrial Santi, qui visiblement n'avait rien à se reprocher... A peine un mois de liberté, c'était tout ce qu'il avait eu. La taule lui avait tout pris, surtout son avenir déjà bien sombre.
Ancien lieutenant, il avait été parmis les officiers d'une escouade qui avait été parmi les premieres à fouler le sol du Codex one. Mais une fois de plus, Gabrial n'avait pas su fermer sa gueule. La torture était connue au sein de certaines factions de l'ATS, mais personne ne l'avait jamais vraiment prouvé... Poussé par une envie folle de vouloir jouer les justiciers il lui était venu l'idée d'enregistrer quelques séances, ce que bien entendu ses supérieurs s'en rendirent compte... Par défi ou pur désir de faire de l'argent, il n'avait jamais révélé l'emplacement où il avait caché les preuves... En fait il s'agissait plutot d'instinct de survie... Les preuves disparues, il restait le seul témoin, et les accidents sont si vite arrivés au Codex One. Deux ans de taule, où il était en relative sécurité... Si on oublie les viols dans les douches et les émeutes. Il en était sorti changé, plus dur que jamais, vidé de toute humanité. Greed était venu le cueillir hier soir à la sortie d'un bar, armé jusqu'aux dents, agissant sous les ordres de certains officiers basés au Codex One.
La vaisseau n'était pas des plus spacieux, une vingtaine de cabines tout au plus. Le caporal zélé avait réservé plusieurs cabines, l'état major ne laissait rien au hasard, seulement Gabrial constata une petite erreur dans les plans bien huilés de l'ATS... Pour pouvoir embarquer, et garder l'opération secrète ils avaient doté le taulard d'une nouvelle vie. Sans changer son nom, ils lui avaient réinventé une vie, afin de justifier sa présence sur le Codex One. Une idée passa dans son esprit avant de s'engouffrer dans les entrailles du vaisseau.

7h45 AM, Cabine n°13, Vaisseau n°45732819

Affalé sur l'unique couchette de la chambre, Greed jouait avec son arme, une manière comme une autre de tenter d'intimider le lieutenant Santi... Il y ajouta quelques remarques acides ainsi qu'une belle quantité de menaces à peine voilées, mais l'effet désiré se fit attendre. Gabrial ne réagit pas aux mots, il semblait ailleurs, le visage rivé vers le hublot, absorbé par l'immensité spatiale qu'il observait. Vexé que ses remarques n'aient abouti à rien, le caporal quitta la couchette et asséna un coup de crosse violent au niveau du dos de l'ancien lieutenant. Cette fois, il ne put étouffer un cri de douleur. La sensation cuisante qui se propageait le long de sa colonne l'obligea à poser un genou à terre. Reprenant son souffle, il se redressa après quelques secondes. Les insultes pleuvaient, il essayait de faire parler Gabrial pour pouvoir se débarrasser de lui.

Un sourire passa sur le visage du l'ancien soldat. Trop occupé à hurler et rassuré par son arme au poing, il ne vit pas venir le violent coup de coup de tête de Gabrial. Un craquement sinistre, un nez brisé. Aveuglé par la souffrance et le sang, l'ex lieutenant parvint sans difficulté de s'emparer de l'arme de Greed. Une jolie droite eut raison de la conscience du caporal, qui s'effondra dans une position ridicule...

- "Pauvre con... Je vais leur rendre leur foutue liste, elle m'a attiré que des emmerdes. Mais ce sera de mon plein gré"

DING ! Mesdames et Messieurs nous arrivons à Codex One, veuillez vous vous préparer à l'atterrissage. Nous vous souhaitons un agréable séjour.

Sans plus de cérémonie l'homme quitta les lieux, laissant gésir le caporal de l'ATS. Il adressa un sourire à l'une des responsables de bord qui, miraculeusement lui rendit... Finalement tout n'était peut être pas perdu... Il se rendit à la zone d'atterrissage, déterminé à se taire, rester muet pour être libre. Si c'était le prix à payer, il le paierait... Au diable la justice, personne ne vous aidera au dépend de sa vie. Il disparu, retrouvant le métal et les rouages de la station, et peut être une nouvelle vie...

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Un bruit métallique régulier résonnait dans le couloir... Rien de bien théâtral, seulement Gabrial qui s'approchait de la porte de débarquement, un énigmatique sourire accroché au visage. Ses seules possessions il les avaient sur son dos. Il avait néanmoins emprunté un couteau de combat au caporal qu'il avait paisiblement endormi d'un coup de boule bien placé...
Là, il un soldat qu'il n'avait pas vu arriver surgit à l'angle d'un couloir, lunettes tactique masquant son regard, arme au poing.

Putain, cet enfoiré avait un "collier de l'homme mort"... Foutu appareillage qui mesure les battements cardiaques. Quand Greed est tombé dans les vappes ça a dû alerter son supérieur. Bordel, mais lâchez moi les morbacs ! J'vais vous la filer votre foutue liste.

Le soldat ne dit pas un mot, et se contenta de pointer le canon de son fusil en plein sur le visage de Gabrial. C'est fou à quel point on se sent mal à l'aise avec une arme chargée à quelques centimètres de son nez. Néanmoins le taulard ne cilla pas, si ce soldat était là pour le tuer il l'aurait fait depuis un moment déjà. Ce dernier lui tendit son casque radio, et d'un signe de tête l'intima de répondre. Comme une dernière raillerie l'ex lieutenant lui dit avec un rictus :]

- "Fait gaffe avec ça gamin, ça pique ces trucs là..."

Gabrial Santi enfila l'oreillette et le petit micro à sa veste. Il inspira comme avant une grande allocution et la conversation s'engagea :

- Gabriel Santi, créateur de ce Chaos. Tout le plaisir est pour vous j'imagine...

Il ne reconnu que trop bien bien la voix qui lui répondit. Son supérieur direct, le colonel Adams, l'un des responsables de l'exploration primaire du Codex One. Un homme puissant... Mais il fut surpris d'avoir à faire à lui. Son nom ne faisait pas partie des responsables des tortures qui avaient eu lieu au sein de l'ATS. Ce dernier lui répondit d'un air plus que sérieux :

- "Santi, si vous ne montrez pas un peu de respect je vous fait arrêter sur le champ, certains de vos anciens camarades seraient ravi de vous revoir... Vous croyiez vraiment que l'ATS n'était pas en train d'enquêter sur les exactions perpétrées sur le Codex One ? Nous le savons aussi bien que le nombre de fois ou vous allez pisser par jour ! Je tiens seulement à vous dire de prendre garde à vous, votre caractère vous a déjà joué de sales tours auparavant. Tenez vous à carreaux et je vous garantis que vous n'entendrez plus jamais parler de moi. Et croyez moi que là, le plaisir sera seulement pour moi"

Une voix puissante, une voix de leader. Pas de doute il reconnaissait l'officier qui l'avait commandé durant plus d'un an. Aussi surpris que possible, Gabrial se sentait ridicule... Il avait passé deux ans en taule pour rien. Ne faire confiance en personne lui avait autre fois sauvé la vie, mais là ce défaut lui avait carrément pourri l'existence. Son orgueil venait d'en prendre un sacré coup. Il répondit d'un air moins assuré qu'auparavant :

- Mais... ? Vous voulez dire que ces ordures ont été mis aux arrêts ? J'en fais quoi de ma liste du coup ? Que dois je faire Colonel ?

Perdu, secoué par l'annonce, incapable de se réjouir, Gabrial se sentit pris d'une nausée difficilement contrôlée. Il lui semblait que tout lui échappait, il n'était qu'une marionnette, un chien galeux au milieu de loups avides de sang et de pouvoir. Il écouta les derniers mots de l'officier :

- "Tous sans exception attendent de passer en cour martiale. Le caporal Greed que vous avez du croiser était leur dernier espoir. En détruisant la principale preuve de leur accusation et vous collant une balle, ils avaient une petite chance de s'en sortir. La seule chose que je vous demande c'est de remettre votre liste au soldat face à vous. Il vous accompagnera. Il devrait vous remettre votre titre de séjour sur le Codex One. Vous désirez y rester il me semble. Sur ce je vous laisse. Faites profil bas et tout ira bien Lieutenant Santi. Adams, Terminé"

La connexion s'acheva, avec pour seule réponse un passe que lui tendait le soldat impassible. Encore un foutu cyborg... Les yeux de Gabrial parcouraient la carte afin de vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un faux. L'ex soldat, incapable de poser une question découvrir sa manche, dévoilant un tatouage symbolisant le Codex One. Rapidement, il prit le couteau récupéré plus tôt et s'entailla la chair au niveau de la marque. Un légère grimace de douleur, puis il sortit un petit carré plastifié. Un sourire puis il dit :

- "Dans le Codex One... Bande d'enfoirés. File ça à Adams, c'est un microfilm DTX alpha."

Sans demander son reste, il remis le couteau à sa ceinture, et quitta le soldat, sans même un regard pour lui... Il n'avait qu'une seule envie... Se saouler, vomir, et dormir de tout son saoul. Une nouvelle chance lui était offerte, mais il n'en était pas particulièrement ravi.