Chambre de Tyrus

Mécanicien Messages : 16 Date d'inscription : 21/09/2009 Age : 52

Si le vaisseau a été créé par des aliens, des extra-terrestres ou quelle que soit leur dénomination, une large frange de leur population devait être soit franchement stupide, soit aveugle, soit dénuée de tout sens de l'orientation, songea Tyrus. Soit tout à la fois. Pour tout dire, depuis la salle où il avait fait face à l'IA céphalopode, il avait presque continuellement suivi de grosses flèches, ou de longs traits colorés. S'il était conscient de ne pas être un ranger né, mémorisant les plans de tout ce qu'il traversait - vivement qu'ils sortent enfin les premiers modèles de cyber-cerveaux - il n'avait pas non plus besoin d'être guidé partout comme s'il avait trois ans. Il sourit en croisant d'autres personnes occupées à ne pas quitter leur ligne de vie pour ne pas s'égarer dans les méandres du Codex. C'est vrai qu'il y'avait peut-être des endroits très dangereux.

Il finit par arriver devant sa piaule à lui, payée par ATS, généreux employeur s'il en est. Il mit quelques secondes avant de se décider à entrer, essayant de se faire une image mentale de la chose : c'était surement petit, sombre, humide, presque insalubre, avec une douche borgne et un évier multicolore à force de ne pas avoir été nettoyé. Le lit grincerait, de longues traces baveuses balafreraient les murs, et il aurait donc les meilleures raisons du monde de passer tout son temps ailleurs. Etait-ce plus mal ?

Une fois son mauvais avis sur la question parfaitement formulé, il pénétra dans son antre, et ne cacha pas sa surprise. C'était incomparable ! Son appartement de Pittsburgh ressemblait à un taudis à côté de ce palace grand luxe. Il se promit de prendre une photo pour la montrer à sa fille, quand il rentrerait. Soit pas tout de suite.

Il passa plusieurs dizaines de minutes à visiter le lieu pourtant assez peu étendu. Un mur représentait un aquarium ultra-réaliste, et il s'aperçut qu'il avait toute latitude pour transformer l'ambiance projetée. Il testa la jungle, le désert, la haute-montagne, et ne fut pas déçu de ne pas retrouver ce qui se rapportait le plus à son panorama de tous les jours sur Terre : banlieue grise et polluée. Avec options guère des gangs en contrebas de son onzième étage. Il revint finalement aux poissons, s'apercevant que ça le relaxait. Il avait l'impression d'être en vacances.

Il sauta ensuite sur le lit, officiellement deux places, mais dans lequel il imaginait aisément pouvoir caser deux ou trois personnes en plus de lui. L'idée lui arracha un rictus. Quelques années plus tôt, elle aurait emballé ses fantasmes, mais maintenant...en tous cas, le matelas était moëlleux, comme il aimait. La salle de bain fut l'occasion d'un émerveillement supplémentaire, la baignoire sortant clairement de ses rêves les plus fous. Il résista à l'envie de la tester dans l'instant - il devait aller travailler, ou au moins voir comment se déroulerait son job - mais se promit de l'inaugurer dans un futur très proche. Il nota enfin le confort du petit salon, pas si petit, sur lequel il pourrait capitaliser pour organiser des soirées poker, s'il trouvait des pigeons. Des partenaires.

Tyrus posa son sac au pied du lit, fit craquer ses vertèbres cervicales, et se gratta la nuque : toujours cette sensation d'engourdissement qui revenait. Au moins, le peu d'organes biologiques qui lui restaient ne prenaient pas un malin plaisir à lui pourrir la vie. Il alluma une cigarette, supposant qu'une telle merveille ne l'interdisait pas à travers un dispositif anti-incendie vicieux, tira une bouffée, et repartit vers ce qu'on lui avait désigné comme étant son lieu de rendez-vous.